18/08/2016
EQPA : Protocole "Enchainement Quantifié pour patients présentant une maladie de PArkinson"
Pour télécharger le document, il faut cliquer sur le lien ci-dessous
Titre :
Protocole de rééducation basé sur l’auto-organisation des mouvements pour améliorer la marche et l’équilibre chez un patient présentant une maladie de Parkinson en perte d’autonomie.
Auteurs
Sultana Roland Cadre de santé kinésithérapeute, Institut de Rééducation Pomponiana, Chemin de l’Almanarre 83400 Hyères
Nahon Antoine, Masseur-Kinésithérapeute, Institut de rééducation Pomponiana
Résumé
Objectif : améliorer la marche et l’équilibre d’un patient présentant une maladie de Parkinson en perte d’autonomie. Aussi bien lors d’un traitement à domicile par un kinésithérapeute libéral qu’en cabinet libéral ou centre de rééducation.
Moyen : l’idéal est de disposer d’un protocole de rééducation très simple qui ne nécessite aucun matériel spécifique.
Technique : Le patient doit enchainer plusieurs fois le test "Timed Up and Go test".
Le temps de repos assis entre 2 enchaînements est de 10 secondes.
Le rééducateur utilise le moins possible d'aides-techniques, de facilitations et autres indiçages, pour obtenir le maximum d'activité propre du patient.
Il faut recalibrer ces aides à chaque séance, en fonction des variations de l’état du patient (phénomène on / off…) pour éviter de le mettre en situation d’échec.
Texte
Les patients présentant une maladie de Parkinson en perte d’autonomie, en particulier au stade 4 de HOEHN et YAHR [1], sont souvent confiés à des kinésithérapeutes libéraux qui effectuent le traitement à domicile ou dans un cabinet qui n’est pas forcément aménagé pour la rééducation neurologique. (tableau I)
Pour télécharger le tableau I, il faut cliquer sur le lien ci-dessous.
Le temps de rééducation est toujours limité. Il faut donc aller à l’essentiel en luttant efficacement contre le déconditionnement à l’effort, les troubles de l’équilibre et l’immobilisme qui rongent le moral et le physique du patient.
D’où l’intérêt du protocole EQPA "Enchainement Quantifié pour patients présentant une maladie de Parkinson" qui est très simple et ne demande aucun matériel spécifique.
Le patient doit simplement enchainer plusieurs fois le test "Timed Up and Go test".
Le temps de repos assis entre 2 enchaînements est de 10 secondes.
Pour télécharger le Protocole EQPA, il faut cliquer sur le lien ci-dessous.
Rappel concernant le "Timed Up and Go test"
Le patient doit se lever d’une chaise (comportant généralement des accoudoirs), marcher 3 mètres jusqu'à un but matérialisé (par exemple : un objet posé sur le sol), se retourner, revenir vers la chaise et s’asseoir.
Pendant ce test, la personne est autorisée à utiliser toutes les aides techniques dont elle se sert habituellement (canne, orthèse, déambulateur…). Le test est chronométré.
Importance de la préparation personnalisée avant de démarrer l’exercice.
Chaque patient a ses problèmes spécifiques. Il faut donc adapter la préparation au cas particulier de chaque patient.
Exemple 1 : un patient parkinsonien et lombalgique effectue un plus grand nombre d’enchaînements après un massage du rachis en position couchée.
Exemple 2 : c’est la rigidité et les douleurs des membres inférieurs qui limitent la progression. Elles peuvent être soulagées efficacement par la mobilisation passive et quelques tractions manuelles douces dans l’axe du membre.
Il est parfois nécessaire d’utiliser des facilitations, aides techniques et autres « indiçages » :
- Un déambulateur ou une canne…
- Des stimulations visuelles ou auditives pour démarrer ou entretenir la marche et les séquences de l’enchaînement.
- Le déblocage des enrayages cinétiques sur un mode volontaire en utilisant par exemple le « pas de parade ».
- La présence du rééducateur en cas de perte d’équilibre et de risques de chute du patient.
Le rééducateur doit recalibrer les aides à chaque séance, en fonction des variations de l’état du patient (phénomène on / off…) pour éviter de le mettre en situation d’échec.
Le moins possible d'aides-techniques, d'indiçages, de facilitations pour suciter le maximum d'activité propre du patient.
Si possible, ni aide-technique, ni indiçage visuel ou sonore et surtout ni facilitation manuelle.
Attention ! Chaque fois que l’on touche au patient pour l’aider dans son équilibre ou dans sa marche, on nuit à l’auto-organisation de ses mouvements. C’est la raison pour laquelle il vaut mieux utiliser un déambulateur que tenir manuellement le patient.
En progression
On augmente le nombre de répétitions.
On peut aussi modifier les conditions de pratique.
Par exemple :
- Marcher 10 ou 50 ou 100 mètres au lieu de 3 mètres.
- Ajouter un ou plusieurs exercices, par exemple, un auto-étirement et se mettre au sol et se relever à l’aide de la chaise…
- Raccourcir (ou dans certains cas augmenter) le temps de repos entre 2 enchainements, etc…
Voir les 2 vidéos suivantes qui illustrent ce protocole :
https://www.youtube.com/watch?v=MwMhN-KN6ls
Un autre protocole pour les patients présentant une atteinte fruste
Pour les patients en début de maladie (stades 1 et 2 de HOEHN et YAHR) avec une bonne autonomie et un périmètre de marche autonome supérieur à 500 mètres, il est préférable d’utiliser le protocole EQAT pour lutter contre le déconditionnement à l’effort aérobie et entretenir la marche.
Pour télécharger le Protocole EQAT, il faut cliquer sur le lien ci-dessous :
ou version Excel :
Protocole de rééducation EQAT 200116.xls
Conclusion
La maladie de Parkinson est probablement la pathologie neurologique la plus complexe à comprendre et rééduquer lorsqu’elle limite considérablement l’indépendance fonctionnelle et entraine un risque de chute (stades 4 de HOEHN et YAHR) [2 et 3].
A ce stade, les symptômes peuvent varier :
- au cours d’une journée, à cause des fluctuations de la concentration de la dopamine que le sujet ingère sous forme de médicaments,
- d’un jour à l’autre, la qualité du sommeil n’étant pas toujours optimale et le moral fluctuant, le plus souvent dépressif,
- et à long terme, en fonction de l’évolution défavorable de la pathologie.
Il est impossible d’effectuer une rééducation sans tenir compte de ces variations.
D’autre part, chaque patient présente une combinaison de symptômes, d’inhibitions, de facilitations de sa motricité et souvent de douleurs… qui lui sont propres. De ce fait, chaque cas est unique.
Il est donc impossible de concevoir un protocole de rééducation rigide pouvant être adapté à tous les patients parkinsoniens.
Au contraire, les exercices doivent toujours être personnalisés et adaptés aux possibilités du patient au moment précis de la séance de rééducation.
D’où l’intérêt d’un protocole qui donne une base simple et facile à adapter à l’état présenté par le patient lors d’une séance de rééducation.
Bibliographie
[1] Hoehn M, Yahr M (1967). "Parkinsonism: onset, progression and mortality.". Neurology 17 (5): 427–42. http://www.neurology.org/content/17/5/427
[2] Bleton JP, Ziégler M. Rééducation de la maladie de Parkinson. Encycl Méd Chir (Elsevier Masson Paris), Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation, 26-451-A-10, 2011, 15p.
[3] Bleton JP. La rééducation de la maladie de Parkinson, actualités. Kinesither Rev. 2014 ; 14 (148) : 44-6.
Auteurs de cet article :
Roland SULTANA (Kinésithérapeute Cadre de Santé),Gilbert HEURLEY (Médecin MPR),et collaborateurs
17:40 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0)